Meta Ta Phusika

2004
*Série photographies argentiques noir&blanc
Tirages uniques sur papier Baryté Agfa
59 x 73,5 cm
* Édition de cartes postales
*Livre

Après la physique

"La  première  fois  que  j’ai  vu  la  peinture  abstraite  brésilienne  des  années  50,  et  que  j’ai  découvert  le mouvement constructiviste, j’ai cherché à établir des ponts, des liens avec ce que je connaissais de l’histoire de l’abstraction  en  Europe.  Si  je  dois  parler,  en  termes  de  représentation  photographique,  du  brésil, cela ne peut se faire sans prendre en considération mon attachement avec cette peinture et ce que j’y ai perçu. "L’abstraction brésilienne" est un état de conscience de la modernité. C’est une dimension de l’esprit, une conscience intense  de l’espace infini, de l’immensité du territoire, de la densité du paysage et de ce qui s’y opère. La  peinture  concrète  s’organise  par  des  formes  géométriques  qui  semblent  conférer  une  élasticité  sur  la  surface  de l'image, telle une illusion d’optique.  Les cercles, les mailles, les surfaces colorées et les formes qui se dessinent décrivent des mouvements infinis, des espaces sans centre, ou plutôt avec un centre instable qui se déplace sans cesse et où le spectateur doit alors établir le bon mouvement pour en rechercher la gravité et l’origine. Il y a dans ces peintures, comme dans le paysage au sens large, de ce pays, une dimension métaphysique. Ce que l’on voit n’est pas toujours ce qui est. Il y a parfois comme un climat de tension et d’inquiétante étrangeté. La  réalité  se  métamorphose  sans  cesse.  Les  réflexions  lumineuses  et  chromatiques  créent  alors  sous  nos  yeux  des combinaisons insolites des formes du réel. Les  photographies  que  j’ai  réalisé  à  Rio  de  Janeiro  s'attachent à décrire de qui auraient pu inspirer et influencer les  artistes  brésiliens.  C’est une recherche sur les  origines de  l’abstraction et  plus particulièrement autour de la peinture concrète. La forme se révèle devant la caméra, la lumière y joue ses métamorphoses. La  géométrie  découvre  ses  mécanismes.  L’image  parfois  s’inverse  et  change  le  sens  de  la  lecture.  Le  noir  dialogue avec le blanc, le lointain avec le proche, le positif avec le négatif, le devant avec le derrière. L’écriture et le rythme de la série mettent à jour des contrastes forts et incisifs, à l’échelle du paysage, et du Brésil.  Dans  le  temps  suspendu de l’image photographique s’agence le souvenir des expériences visuelles avec la réalité instable et vivante.  La  lumière  mange  la  forme.  Le  scintillement  et  l’éclat  continu  confèrent  alors  aux  images  leur mouvement si particulier. "Meta  Ta  Phusika",  traduit  du  Grec  « après  la  physique »  est  littéralement ce  qui  se  passe  une  fois  la  lecture formelle est achevée. Une autre dimension alors s’ouvre au-delà du réel.  c’est une conversation intime avec l’esprit. "Une expérience métaphysique en sorte."